« J'ai postulé sur le créneau très particulier du problème des élèves en difficulté en seconde, car au lycée Montaigne, nous travaillons depuis 2004 sur la prise en charge de ces élèves », explique Robert Strassel, le proviseur du lycée mulhousien. Cet établissement a répondu à un appel d'offres du ministère pour participer à une expérimentation sur la réduction des redoublements et des réorientations des élèves de seconde. Deux autres lycées alsaciens, Sainte-Clotilde à Strasbourg et Marc-Bloch à Bischheim, ont été retenus pour mener des expérimentations sur le même thème.
Redoublements
divisés par deux
En France, une centaine de lycées serviront à la rentrée prochaine de
terrain d'expérimentation sur « la gestion du temps et l'organisation des
classes ». Leurs moyens seront renforcés. Les lycées Montaigne et
Marc-Bloch seront dotés de trois postes supplémentaires. L'annonce des
établissements sélectionnés en France a été des plus discrètes, ce qui a attisé
les suspicions des syndicats enseignants qui voient derrière ces
expérimentations une réforme que le ministre Xavier Darcos tente
« d'imposer à nouveau », alors qu'elle a été « massivement
rejetée » (Voir ci-dessous). Pour le ministère, il ne s'agit que
« d'encourager des expérimentations pragmatiques ».
En présentant la candidature de son lycée, Robert Strassel n'a pas voulu
se placer sur le terrain politique. « Il y avait un appel d'offres pour
aider des élèves en difficulté. Peu importe que la réforme s'appelle Darcos,
Descoings... Le problème des élèves en difficulté reste là. » D'autant
plus que cette année, le lycée n'a pas pu mettre en place son dispositif de
tutorat « faute d'étudiants tuteurs ». Le proviseur espère que les
étudiants de l'UHA répondront présent à la rentrée prochaine. Le taux de redoublement
qui était de 20 % en seconde en 2002 a été ramené à 10 % et il s'agit
de ne pas perdre le terrain gagné.
Le lycée compte 380 élèves de seconde. L'idée de créer une classe de
seconde spécifique pour les élèves en difficulté a été abandonnée pour ne pas
les stigmatiser. La participation au projet national d'expérimentation va
permettre de relancer la réflexion. Le lycée devrait mettre en place des
ateliers du soir pour les élèves afin de « travailler sur la méthode,
engager un travail de réflexion sur l'orientation... Les enseignants avaient
émis des réticences sur les moyens de l'expérimentation. J'espère que ce
problème pourra être résolu avec les trois postes supplémentaires »,
indique Robert Strassel.
Au lycée Sainte-Clotilde, le directeur d'établissement Patrice Hauchard a
répondu à l'appel d'offres après concertation avec les enseignants de seconde.
« Tous les enseignants des établissements privés de France qui
participeront à l'expérimentation suivront une journée de formation le 16 juin
à Paris. » Pour Patrice Hauchard, « les axes de l'expérimentation
s'inscrivent profondément dans le projet d'établissement. On va renforcer la
question de l'accompagnement, de l'individualisation et de
l'orientation », annonce le directeur.
Renforcer l'accompagnement,
l'individualisation...
Le lycée possède déjà une seconde passerelle qui sert de tremplin aux
élèves de troisième en difficulté. A la rentrée prochaine, le lycée devrait
expérimenter pour les secondes « une semaine de bilan en milieu d'année
avec les parents, les enseignants... » Patrice Hauchard souhaite aussi
renforcer le volet langues en mettant en place des groupes de compétences.
« Toutes ces questions s'inscrivent dans l'amélioration du taux de
passage en première et dans l'amélioration de l'orientation à la fin du
lycée ». S'il ne sait pas encore de quels moyens supplémentaires il va
bénéficier, Patrice Hauchard voit dans cette expérimentation une chance pour
son lycée.
Édition du Ven 5 juin 2009